Note: Cet article a été publié pour la 1ere fois en 2005 sur le forum de discussion

de « africatime.com »  la Toile d’@raignee Version 1.0

Un flashback (retour sur actu) pour commencer : Le 24 novembre 2005, alors que le Président Mathieu Kérékou foulait le sol français, France 2, une télévision Française diffuse, on prime time, dans « Envoyé spécial » un documentaire sur le trafic et l’exploitation des enfants au Bénin. Ce documentaire a été suivi d’un autre qui s’est intéressé lui à présenter une bande dessinée dénommée « Kirikou » (ne pas confondre avec Kérékou bien sûr – Pour aller sur le site officiel de Kirikou, suivez le lien et autoriser les fenêtres popUp : http://www.kirikou-lefilm.com/kirikouOpen.php), nom du personnage principal, un petit garçon « de couleur ».

Passant au crible de leur réflexion le contenu de ces deux documentaires dont la diffusion coïncide étrangement avec l’arrivée de Kérékou, de vives réactions en avaient résulté et continuent encore. Les débats qui ont commencé dans le cadre privé ont très tôt fait de se déplacer sur les blogs Internet et les forums de discussion du Bénin dans le cyber espace. En lisant sur l’un de ces forums, notamment : http://www.africatime.com, les phrases suivantes rapportées ici textuellement (graphie et formatage) ont retenu mon attention et m’ont décidé à clavarder avec l’auteur de ce message : « VENDEURS D’ENFANTS. Arrêtez d’accuser la France qui a tant fait pour vous. ESCLAVAGISTES. HONTE! HONTE! HONTE! HONTE! BANDE DE CHIENS!!!! » . Le petit texte qui suit est ma deuxième contribution à ce débat que je trouve très riche. 
 

À qui profite l’instrumentalisation de la Misère au BÉNIN ?
Bonjour Mon cher ami Français Gaulois, le philanthrope. Il très facile sous couvert de l’anonymat d’insulter tout un pays. Je constate comme tout le monde que cette fois-ci vous nous avez donné un semblant de nom. Je vous en remercie. Je ne voudrais pas utiliser l’invective et l’injure gratuites comme vous. Ce n’est pas mon credo vu que moi je pratique « la Réflexion stratégique ». Vous pourriez lire les quelques lignes que j’ai écrites (article de Presse) sur le trafic des enfants en suivant ce lien :
http://mikaila.blog4ever.com/blog/lirarticle-4600-10973.html [Lien mort. Lire l’article concerné sur ce Blog. NDLR] .Je voudrais vous dire sans animosité que le phénomène du trafic d’enfant est plus compliqué et complexe qu’on le pense. Je ne reproche rien au Journaliste en ce qui concerne son documentaire. C’est parce que le phénomène existe que l’auteur du film l’a traité selon l’angle qu’il a jugé bon pour son public cible. Dans plusieurs analyses que j’ai lues dans les presses électroniques qui foisonnent ces derniers temps, on s’en est beaucoup pris au journaliste comme s’il a étudié le problème très finement comme le ferait un anthropologue ou un sociologue. En effet, on n’a pas besoin de faire montre d’une qualité exceptionnelle de journaliste pour produire un documentaire du genre. Un simple touriste pourrait faire autant, voire mieux. Il a voulu montrer à son public la misère de l’Afrique, il a voulu éveiller peut-être nos consciences. En tout cas il a bien réussi. J’ai reçu en tout six coups de fil d’amis français, qui pour me dire de suivre le documentaire, qui pour faire le commentaire du film en même temps que ça se déroulait. Je constate tout simplement que l’image de l’Africain sauvage, cruel envers les enfants nous a été très bien servie tout le long du documentaire et a conforté l’opinion que mes amis avaient de l’Africain. Ce n’est pas trop surprenant parce que les situations dans lesquelles on a du respect pour l’homme dit de couleur sont très rares aussi bien dans la vie quotidienne et dans les médias. Combien de fois n’ai-je pas regardé des émissions télévisées présentant l’Afrique des années que mon grand-père n’a pas connues comme étant l’Afrique d’aujourd’hui. J’ai même l’impression que la pauvreté en Afrique donne à manger à beaucoup de gens au Nord comme au Sud (journalistes, politiciens, scientifiques…) et peut expliquer la forte dose de subjectivité que l’on note quand il s’agit de parler par exemple du trafic des enfants, des enfants dits sorciers, de l’excision, etc. À mon sens, il y a une certaine instrumentalisation de la misère « des autres ». S’il est vrai que nous avions connu l’esclavage qui a duré près de cinq siècles (près de dix générations d’Africains très robustes en novembre 2005. L’espérance de vie si je ne m’abuse doit être autour de 50 ans aujourd’hui, elle devrait forcement être moindre à l’époque de la traite négrière si l’on tient compte des conditions sanitaires de l’époque et l’offre de soins de la médecine – dite traditionnelle et moderne-) et la colonisation par la suite, nous ne pouvons pas continuer sans nous mettre en accusation, incriminer « les autres » d’entretenir notre pauvreté. Tant que nos dirigeants vont vouloir bien vivre en laissant leurs compatriotes au bord du chemin, il y aura toujours des documentaires très éloignés de la réalité sur le trafic des enfants. Il faudrait que nos dirigeants aient un peu d’ambition…

Par Mikaïla KASSOUMOU / La Toile d’@raignee – http://www.mikaila.fr