**Mardi 5 février 2013, 15:19 ·

 

La mort d’un pilote d’hélicoptère français, dès les premières heures des opérations militaires, a laissé croire que la campagne militaire malienne serait rude et longue, surtout si l’on sait que la volonté sacrificielle au combat des défenseurs de la Charia est généralement très  forte pour les causes qu’ils défendent. Mais après une vingtaine de jours de campagne militaire, les villes de Konna, Tombouctou, Gao, et même l’aéroport de Kidal ont été reprises aux rebelles avec une facilité déconcertante et pratiquement sans combats d’envergure. Cette passivité surprenante des rebelles amène inévitablement à s’interroger sur les capacités militaires de l’État malien qui n’a pu empêcher la conquête des villes du Nord par les rebelles. Au-delà de l’armée malienne, la capacité et la réactivité  militaire des pays de la sous-région ouest africaine à venir en aide à un État de la CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), doivent être interrogées et analysées. Me O.F pense , moi aussi, que: « Ce que souligne la rapide capitulation des islamistes au Mali est quand même la déliquescence dans laquelle se trouvait l’armée et l’état malien! Au-delà, c’est à mon sens, à une vraie réflexion sur l’état africain que ces récents événements nous invitent.« A travers l’intervention française dont l’efficacité, n’est plus à démontrer, c’est  une grosse leçon de réalisme, de pragmatisme que la France est en train de nous donner.  Elle contraste notoirement, avec moult tergiversations des gouvernants des Etats africains à venir promptement au secours de leur allié malien totalement démuni face aux envahisseurs qui tuaient, violaient, mutilaient, saccageaient et détruisaient les biens publics et reliques du passé etc. au nom d’Allah. On m’opposera que je ne peux pas comparer la France à nos États africains du point de vue des moyens possédés, de la logistique et de l’expertise militaire.  Je concède cela, mais je tiens à ce qu’on m’explique comment après tant d’années que nous sommes des Etats indépendants et souverains, il n’a pas été possible de commencer à nous défendre par nous-même face aux « chariaristes », conformément à la résolution 2085 du conseil de sécurité des Nations- Unies (Mission Internationale de Soutien au Mali, MISMA) avant d’espérer, d’attendre la main secourable. Sommes nous vraiment des États indépendants et souverains ? Point n’est besoin de rappeler que l’’armée est un des attributs essentiels de la souveraineté.

On est en droit d’être écœuré, je l’ai été, vous aussi peut être, de constater qu’il n’a pas été possible pour certains pays d’accomplir des actions élémentaires dans le cadre de la MISMA. Certains pays ont été incapables  d’acheminer par des engins roulant ou volant les contingents qu’ils ont difficilement levés. C’est bien triste. Cette « guerre des pauvres » qui se déroule actuellement au Mali, démontre chaque jour davantage, le manque criard d’organisation et de moyens élémentaires de nos armées dont les élites sont pourtant formées à grands frais dans les meilleures écoles militaires et de guerre du monde. « A quoi sert les sommes colossales allouées à nos « grandes muettes » ?  S’interrogeait à raison, le Politologue A.S.A sur sa page Facebook, il y a quelques jours. Mais ou se trouve notre honneur et notre fierté de pays indépendants qui savons nous défendre éloquemment de touiller le café de l’ex colonisateur à sa place ! Nous sommes les mêmes à nous surprendre aujourd’hui d’acclamer « le toubab » quand il parade en pays dogon, sonraï et des ifoghas avec ses machines, engins de guerre roulant au sol sans pneus, et volant dans les airs et qui nous enveloppent d’un bruit assourdissant, « comme dans les films d’action de Hollywood » pour maintenir en vie notre Etat indépendant. Il y a de quoi être émerveillé et enthousiasmé par une telle démonstration de force et surtout par « l’E-miliaire » auquel on assiste. Des raisons de fêter, célébrer les héros de la guerre contre les « chariaristes » existent alors et elles sont convaincantes.

 « Bravo  la France », merci « Papa Hollande »

A l’instar des populations maliennes qui n’ont de cesse d’accueillir héroïquement et triomphalement les troupes françaises et « Papa Hollande » ou « Tonton Hollande » au Mali, le samedi passé, nous sommes obligés si nous savons nous reconnaitre dans une glace, dire :  « bravo  la France », merci « Papa Hollande » d’avoir accordé au Mali « une seconde indépendance ». Grace à la France « La place de la Charia » peut redevenir la « Place de l’indépendance » à Tombouctou, les maliens qui étaient sous occupation pourront s’habiller comme ils le souhaitent, aller au marché librement et s’approvisionner en produits, denrées et victuailles de leur choix, ils peuvent désormais jouer, etc. Nous avions bien fait de donner un chameau en reconnaissance des loyaux services rendus par « Papa Hollande ». C’est la preuve que nous sommes reconnaissants. Nos nombreux enfants à qui nous avons donné le prénom Hollande, vont nous rappeler chaque fois que nous allons les appeler, l’action salvatrice de la guerre de Papa Hollande. Nous nous rappellerons aussi que le Président Hollande a aussi accompli et réussi avec brio sa guerre libératrice comme certains de ses prédécesseurs à l’Elysée (Mitterrand avec Sarajevo, Sarkozy, récemment avec Benghazi- Libye).

Nous Maliens, nous ouest-africains, nous africains, avons en effet, à tout le moins, l’obligation morale de remercier l’ex colonisateur de venir faire,  nos combats de rue à notre place au nom de la lutte contre le terrorisme. Heureusement pour nous que les fils de la France sont retenus comme otages… ! Bien que le Président Hollande se défend, comme il l’a fait encore ce mardi 5 Février 2013 devant le Parlement Européen, de poursuivre des intérêts économiques au Mali, nombreux sont ceux qui continuent de soutenir fermement voir à l’horizon des intérêts économiques en dehors de la finalité enfin révélée d’obtenir la libération des otages français. La célèbre phrase laissée à la postérité par le Président Charles De Gaulle : « La France n’a pas des amis, mais des intérêts », nous incite à relativiser tout altruisme…  Quoi de plus normal vu que nous savons par ailleurs que la guerre est un prolongement de la politique avec les doigts sur la gâchette. L’objectif de libérer à terme les otages français dans le Sahel m’était apparu tout de suite clairement dès le déclenchement de l’opération serval. J’ai noté en effet que c’est dans la foulée des pressions récurrentes des parents d’otages qui ont commencé à prendre des initiatives personnelles visant  la libération des leurs (contacts personnels avec les preneurs d’otage, notamment à travers des messages vidéos postés sur Internet,…) relayées par la société civile et l’opinion publique, que François Hollande a lancé l’opération serval.

La présente guerre contre les islamistes chariaristes est une bonne guerre et une belle réussite dans cette première phase couronnée, fêtée par la visite au Mali le samedi 2 février 2013 de « Papa Hollande », « Tonton Hollande » qui a fait savoir que c’était le meilleur jour de sa vie politique. Tant mieux si c’est le cas.
Le 11 janvier 2013, jour où les opérations ont commencé est incontestablement le beau jour pour le Mali. N’eut été l’engagement à brûle pourpoint et opportun de la France ce jour, Bamako serait déjà tombé et l’Etat islamique malien serait déjà proclamé sans qu’un seul des soldats promis par la CEDEAO n’ait foulé le sol malien. Alors que les Etats de la CDEAO perdaient du temps à faire des réunions interminables qui frisent le dilatoire, les rebelles continuaient de mettre progressivement à genou l’Etat malien, sans que cela n’émeuvent significativement nos politiques.
Cette intervention militaire française qui est en cours et les différentes carences que les forces armées maliennes et de la MISMA font étalage, ont le mérite de donner à voir et de nous rappeler que nous continuons de présenter plusieurs caractéristiques de pays pauvres qui ne font rien pour sortir la tête de l’eau après avoir touché le fond de la piscine.

                        « S’unir pour se défendre, c’est survivre ensemble »

Mais que faire pour que nous n’assistons plus aux ratés relevés tant au niveau de l’Etat malien et de son armée, que dans le fonctionnement de la MISMA ?

La chose primordiale qu’il faut faire c’est de renforcer les capacités de nos armées nationales afin qu’elles soient très vite et efficacement opérationnelles. Les coopérations militaires régionales et bilatérales  devraient être largement repensées et il va falloir qu’on se hâte dans ce sens car face à un fléau international et transnational comme le terrorisme, nos orgueils nationalistes et nos égoïsmes nationaux doivent être gommés. Seule la collaboration entre nations peut arriver à bout de l’hydre terroriste. Le cas du Mali est un bel exemple de coopération militaire en dépit des insuffisances sus mentionnées des armées nationales africaines impliquées. Même si tout n’a pas fonctionné à souhait, nous sommes au moins en train de comprendre que « s’unir pour se défendre, c’est survivre ensemble »(1).

La guerre contre ce terrorisme délocalisé en pays pauvre n’est pas encore gagnée, mais la riposte internationale idoine face aux « chariaristes » maliens laisse présager d’un démantèlement de la nébuleuse terroriste qui s’est repliée en désespoir de cause dans l’Adrar des Ifoghas ou des Iforas. C’est dans ce milieu hostile que les combats finaux ou les négociations ultimes se feront, les marchandages d’otages entre « chariaristes » et l’Etat français.

(1) Je me suis permis de paraphraser l’Animateur Claudy SIAR de Radio France International (RFI) qui nous avait tous habitués à réciter son slogan d’antenne d’alors: « S’unir pour bâtir, c’est grandir ensemble. »  » Toi même tu sais ».

Par Mikaïla KASSOUMOU (La Toile d’@raignee- http://www.mikaila.fr) | #MKLA